- raca
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⇒RACA, mot inv.VieilliA. — 1. [Terme d'injure] Il est l'homme qui, à tout bout de champ, a dit le plus volontiers à son frère:Raca; c'est-à-dire, Tu es un sot (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 183).2. Empl. interj. avec une valeur de commentaire affectif. [S'emploie pour manifester un profond dégoût, un grand mépris à propos de qqc.] Devant des pauvres, devant des raffalés comme ça, pouah! zut! raca! je deviens père sérieux (HUYSMANS, Marthe, 1876, p. 19). Le droit, l'humanité, la justice... Raca! (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p. 229).B. — 1. Crier (ou un verbe équivalent) « raca », raca à, contre, sur qqn, qqc. Marquer un profond mépris à l'égard de quelqu'un, quelque chose. Les grilles entre lesquelles chacun des différents mondes du monde s'anathématise et se dit raca (BALZAC, Illus. perdues, 1837, p. 54). Karl Marx apparut et cria raca sur la cité moderne (J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 118).2. Empl. subst. Marque de profond mépris. La constatation des résistances, des difficultés, des raca! qu'a rencontrées notre littérature à ses débuts (GONCOURT, Journal, 1885, p. 522).Prononc.:[
]. Étymol. et Hist. 1553 (Bible, impr. J. Gérard, Matth. 5, 22 ds FEW t. 10, p. 11: qui dira a son frere, Racha); 1717 (Bible Saci, ibid.: celui qui dira à son frère: Raca); 1830 en cont. non biblique (BALZAC, Œuvres div., t. 2, p. 11: des gens qui [...] ont dit: « Épicier!... » comme on dit: « Raca! »). Empr. au lat. raca (hapax dans le N.T., Matth. 5, 22: qui autem dixerit fratri suo: Raca, reus erit concilio) et celui-ci au gr.
, transcr. d'un mot araméen, prob.
qui signifie proprement « vide » et qu'il faudrait comprendre « tête vide, sans cervelle » (cf. SAINT JÉRÔME In Matth. 5, 22 ds TLL t. 1, 187, 26-28 qui rend raca par absque cerebro « sans cervelle », cf. aussi Bible 1912 et DEI; d'apr. M. JASTROW, A Dictionary of the Targumin, the Talmud Babli and Yerushalmi and the Midrashic Literature, l'araméen
, empl. dans le Talmud, est une expr. de mépris signifiant « bon à rien »). Fréq. abs. littér.:13.
raca [ʀaka] interj.ÉTYM. 1672; racha, dans la Bible de 1553; mot araméen transcrit dans le lat. de la Vulgate.❖♦ Dans l'Évangile, terme de mépris à l'adresse d'un frère. — (1836). Vx ou littér. || Crier raca sur qqn, l'insulter.0 « Quelle noblesse, dans cette paysanne ! » dit Sybilla à Sprangel. Quelle dignité !— Je vous prends en flagrant délit de contradiction : est-ce qu'elle n'appartient pas à un de ces peuples contre lesquels vous criiez raca, tout à l'heure : société à bout d'énergie, monde épuisé, pays d'esthètes et de voyeurs ? Il faudrait nous entendre.J.-R. Bloch, l'Aigle et Ganymède, p. 265.♦ On écrit aussi racca.➪ tableau Principales interjections.
Encyclopédie Universelle. 2012.